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LE PILOTE DU DANUBE.

Contre le colosse turc, deux pygmées : la Serbie et le Monténégro. Ces David réussiraient-ils à vaincre Goliath ? Ladko comprenait à quel point la bataille était inégale, et, tout pensif, il plaçait son espoir dans le père de tous les Slaves, le grand Tzar de Russie, qui, un jour peut-être, daignerait étendre sa main puissante au-dessus de ses fils opprimés.

Absorbé dans ses pensées, Serge Ladko avait perdu jusqu’au souvenir du lieu où il se trouvait. Un régiment tout entier eût défilé derrière lui sur la berge qu’il ne se fût pas retourné. A fortiori ne s’aperçut-il pas de l’arrivée de trois hommes qui venaient de l’amont et marchaient avec précaution. Mais, si Ladko ne vit pas ces trois hommes, ceux-ci le virent aisément, dès que la barge leur apparut au tournant du fleuve. Le trio fit halte aussitôt et tint conciliabule à voix basse.

L’un de ces trois nouveaux venus a déjà été présenté au lecteur, lors de l’escale à Vienne, sous le nom de Titcha. C’est lui qui, en compagnie d’un acolyte, s’était attaché aux pas de Karl Dragoch, après que le détective eut filé de son côté Ilia Brusch, tandis que ce dernier faisait une innocente démarche près d’un des intermédiaires employés lors des envois d’armes en Bulgarie. Cette filature avait, on s’en souvient, amené jusqu’à proximité de la barge les deux espions, qui, sûrs de connaître l’habitation flottante du policier, s’étaient alors