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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

— Diable !… fit Titcha en se grattant la tête. On l’a tout à fait oublié. Mais douze heures d’abstinence n’ont jamais fait de mal à personne, et je lui porterai son dîner dès que nous serons en marche… À moins que tu ne veuilles le lui porter toi-même, pour te rendre compte par tes yeux ?

— Non, dit vivement Striga. Je préfère qu’il ne me voie pas. Je le connais et il ne me connaît pas. C’est un avantage que je ne veux pas perdre.

— Tu pourrais mettre un masque.

— Ça ne prendrait pas avec Dragoch. Pas besoin qu’on lui montre son visage. La taille, la carrure, le moindre détail lui suffit pour reconnaître les gens.

— Alors, je suis frais, moi, qui suis obligé de lui porter sa pitance !

— Il faut bien que quelqu’un le fasse… D’ailleurs, Dragoch n’est pas bien dangereux actuellement, et, s’il le redevient jamais, c’est que nous serons à l’abri.

— Amen !… fit Titcha.

— Pour le moment, reprit Striga, on va le laisser dans sa boîte. Pas trop longtemps, par exemple, sans quoi il finirait par mourir asphyxié. On le remontera dans une cabine du pont quand nous aurons dépassé Budapest, demain matin, après mon départ.

— Tu as donc l’intention de t’absenter ? demanda Titcha.

— Oui, répondit Striga. Je quitterai le chaland de temps en temps afin de recueillir des informations sur la rive. Je verrai ce