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LE PILOTE DU DANUBE.

emplissait la cellule. Il ne distinguait rien, si ce n’est un carré d’ombre plus claire vaguement découpé par l’ouverture de la fenêtre. Dans un coin, quelque part, gisait le prisonnier. On ne pouvait l’apercevoir.

« Titcha ! appela Striga d’une voix impatiente, de la lumière ! »

Titcha s’empressa d’apporter une lanterne dont la tremblante lueur, soudainement projetée, parut illuminer la pièce. Les deux hommes, l’ayant parcourue d’un rapide coup d’œil, échangèrent un regard troublé. La cabine était vide. Sur le parquet, des liens rompus, des vêtements jetés à la volée : du prisonnier, nulle autre trace.

« M’expliqueras-tu ?… commença Striga.

Avant de répondre, Titcha alla jusqu’à la fenêtre, et passa le doigt sur l’un des montants.

— Envolé, dit-il, en montrant son doigt rouge.

— Envolé !… répéta Striga, qui proféra un juron.

— Mais pas depuis longtemps, continua Titcha. Le sang est encore frais. D’ailleurs, il n’y a pas plus de deux heures que je lui ai apporté sa ration.

— Et tu n’as rien vu d’anormal à ce moment ?

— Absolument rien. Je l’ai laissé ficelé comme un saucisson.

— Imbécile ! gronda Striga.