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AU NOM DE LA LOI.

Dès que la lumière fut suffisante, Serge Ladko s’empressa de réparer les dégâts causés à son déguisement par une si longue captivité. En quelques minutes, ses cheveux redevinrent noirs de leur racine à leur pointe, un coup de rasoir fit tomber la barbe naissante et ses lunettes faussées furent remplacées par des neuves. Cela fait, il se remit à godiller avec le même inlassable courage.

De temps à autre, il jetait un coup d’œil en arrière, sans rien apercevoir de suspect. Les ennemis étaient loin, décidément.

Libérant son esprit de ses préoccupations les plus immédiates, le sentiment de sa sécurité reconquise lui permettait de songer de nouveau à l’étrangeté de sa situation. Quels étaient ces ennemis qui le contraignaient à fuir ? Que lui voulaient-ils ? Pourquoi l’avaient-ils tenu durant tant de jours en leur pouvoir ? Autant de questions auxquelles il était dans l’impossibilité de répondre. Quels que fussent ces ennemis, il fallait, en tous cas, se défier d’eux à l’avenir, et ce souci allait fâcheusement compliquer son voyage, à moins qu’il ne prît le parti de réclamer, malgré les dangers d’une telle démarche, la protection de la police contre ses ravisseurs inconnus, à la première ville qu’il traverserait.

Cette ville, quelle serait-elle ? Cela non plus, il ne le savait pas, et rien n’était de nature à le renseigner, sur ces rives désertes