Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

265
ENTRE CIEL ET TERRE.

porté quelques succès, avaient dû battre en retraite en deçà de leur frontière, et le 1er  septembre le prince Milan s’était vu contraint de demander un armistice de dix jours, pendant lequel il sollicita, des puissances chrétiennes, une intervention que celles-ci furent malheureusement trop longues à lui accorder.

« Alors », dit M. Édouard Driault, dans son Histoire de la Question d’Orient, « se produisit le plus affreux épisode de ces luttes ; il rappelle les massacres de Chio au temps de l’insurrection grecque. Ce furent les massacres de Bulgarie. La Porte, au milieu de la guerre contre la Serbie et le Monténégro, craignait que l’insurrection bulgare, sur les derrières de l’armée, ne compromît ses opérations. Le gouverneur de la Bulgarie, Chefkat-Pacha, reçut-il l’ordre d’écraser l’insurrection sans regarder aux moyens ? Cela est vraisemblable. Des bandes de Bachi-Bouzouks et de Circassiens appelées d’Asie furent lâchées sur la Bulgarie, et en quelques jours elle fut mise à feu et à sang. Ils assouvirent à l’aise leurs sauvages passions, brûlèrent les villages, massacrèrent les hommes au milieu des tortures les plus raffinées, éventrèrent les femmes, coupèrent en morceaux les enfants. Il y eut environ vingt-cinq à trente mille victimes… »

Tandis qu’il lisait, des gouttes de sueur perlaient sur le visage de Serge Ladko.