Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

296
LE PILOTE DU DANUBE.

— Non. Je suis parti dans l’idée de m’arrêter à Roustchouk. Nous y sommes.

— Où prenez-vous Roustchouk ?

— Là, répondit le pilote, en montrant les maisons de la ville lointaine.

— Pourquoi, dans ce cas, n’y allons-nous pas ?

— Parce qu’il me faut attendre la nuit. Je suis traqué, poursuivi. Dans le jour, je risquerais de me faire arrêter au premier pas.

Voilà qui devenait intéressant. Les soupçons primitivement conçus par Dragoch étaient-ils donc justifiés ?

— Comme à Semlin, murmura-t-il à demi-voix.

— Comme à Semlin, approuva Serge Ladko sans s’émouvoir, mais pas pour les mêmes causes. Je suis un honnête homme, monsieur Jaeger.

— Je n’en doute pas, monsieur Brusch, bien qu’elles soient rarement bonnes, les raisons que l’on a de redouter une arrestation.

— Les miennes le sont, monsieur Jaeger, affirma froidement Serge Ladko. Excusez-moi de ne pas vous les révéler. Je me suis juré à moi-même de garder mon secret. Je le garderai.

Karl Dragoch acquiesça d’un geste qui exprimait la plus parfaite indifférence. Le pilote reprit :

— Je conçois, monsieur Jaeger, que vous ne soyez pas désireux d’être mêlé à mes affaires. Si vous le voulez, je vous déposerai