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LA MAISON VIDE.

— Nous serons à merveille ici, dit Dragoch.

Le patron accourait au-devant de ces clients inespérés.

— Qu’allons-nous boire ?… C’est moi qui régale, annonça le détective, en frappant sur son gousset.

— Un verre de racki ? proposa Titcha.

— Va pour le racki !… Et du genièvre ?… Ça ne vous dit rien ?

— Bon aussi, le genièvre, approuva Titcha.

Karl Dragoch se tourna vers le patron attentif aux ordres.

— Vous avez entendu, l’ami ?… Servez-nous, et vivement !

Pendant que l’hôte s’empressait, Dragoch, d’un coup d’œil, pesa l’adversaire qu’il allait avoir à combattre. Il l’eut vite jugé. Larges épaules, cou de taureau, front étroit mangé par d’épais cheveux gris, parfait exemplaire, en un mot, du lutteur forain de bas étage, c’était une véritable brute qu’il avait en face de lui.

Aussitôt que les bouteilles et deux verres eurent été apportés, Titcha reprit la conversation au point où elle avait débuté.

— Vous dites donc que vous me connaissez ?

— Vous en doutez ?

— Et que vous connaissez l’affaire de Gran ?

— Aussi. Nous y avons travaillé ensemble.