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À LA NAGE.

Nul, dans le chaland, n’avait soupçonné l’agression. Ivan Striga n’était pas sorti du rouf. À l’avant, les cinq causeurs continuaient leur paisible conversation.

Serge Ladko, cependant, nageait vers la barge. Le retour était plus pénible que l’aller. Outre qu’il lui fallait maintenant remonter le courant, il avait à soutenir le corps de Yacoub Ogul. Si celui-ci n’était pas mort, il n’en valait guère mieux. La fraîcheur de l’eau ne l’avait pas ranimé ; il ne faisait pas un mouvement. Serge Ladko commençait à craindre d’avoir eu la main trop lourde.

Alors que cinq minutes avaient suffi pour venir de la barge au chaland, plus d’une demi-heure fut nécessaire pour refaire le même parcours en sens inverse. Encore le pilote eut-il la chance de ne pas s’égarer dans l’ombre.

« Aidez-moi, dit-il à Karl Dragoch en saisissant enfin l’embarcation. En voici toujours un.

Avec le secours du détective, Yacoub Ogul fut passé par-dessus bord et déposé dans la barge.

— Est-il mort ? demanda Serge Ladko.

Karl Dragoch se pencha sur le captif.

— Non, dit-il. Il respire.

Serge Ladko eut un soupir de satisfaction et, reprenant aussitôt l’aviron, commença à remonter le courant.

— Alors, attachez-le, et solidement, dit-il tout en godillant, si vous ne voulez pas