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LE PILOTE DU DANUBE.

propriétaire, et pouvaient, une fois refermés, se transformer en couchettes. À l’arrière un autre coffre formait banc, et servait à loger divers ustensiles de cuisine.

Inutile d’ajouter que la barge était pourvue de tous les engins qui constituent le matériel du véritable pêcheur. Ilia Brusch n’aurait pu s’en passer, puisque, d’après le projet communiqué par lui à ses collègues le jour du concours, il devait, pendant ce voyage, vivre exclusivement du produit de sa pêche, soit qu’il le consommât en nature, soit qu’il l’échangeât contre espèces sonnantes et trébuchantes, qui lui permettraient de composer des menus plus variés sans donner d’entorse à son programme.

Dans ce but, Ilia Brusch irait, le soir venu, vendre le poisson capturé pendant le jour, et ce poisson aurait des amateurs sur l’une et l’autre rive, après le bruit fait autour du nom du pêcheur.

Ainsi s’écoula la première journée. Toutefois, un observateur, qui aurait pu ne pas quitter des yeux Ilia Brusch, aurait été à bon droit surpris du peu d’ardeur que le lauréat de la Ligue Danubienne semblait mettre à la pêche, seule raison d’être, pourtant, de son excentrique entreprise. Se croyait-il à l’abri des regards, il s’empressait de lâcher la ligne pour l’aviron, et godillait de toutes ses forces, comme s’il eût voulu activer la marche du bateau. Quelques curieux apparaissaient-ils, au contraire, sur l’une des berges, ou croisait-il un batelier, il