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LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

saisissait aussitôt son arme professionnelle, et, son habileté aidant, ne tardait pas à tirer hors de l’eau quelque beau poisson, qui lui valait les applaudissements des spectateurs. Mais, les curieux cachés par un mouvement de la rive, le batelier disparu à un tournant, il reprenait l’aviron, et imprimait à sa lourde barge une vitesse qui s’ajoutait à celle de l’eau.

Ilia Brusch avait-il donc quelque motif de chercher à abréger un voyage que personne, cependant, ne l’avait forcé à entreprendre ? Quoi qu’il en soit à cet égard, il avançait assez vite. Entraîné par un courant plus rapide à l’origine du fleuve qu’il ne le sera plus tard, godillant chaque fois qu’il estimait l’occasion favorable, il dérivait à raison de huit kilomètres à l’heure, sinon davantage.

Après avoir passé devant quelques localités sans importance, il laissa derrière lui Tuttlingen, centre plus considérable, sans s’y arrêter, bien que quelques-uns de ses admirateurs lui fissent, de la berge, signe d’accoster. Ilia Brusch, déclinant du geste l’invitation, se refusa à interrompre sa dérive.

Vers quatre heures de l’après-midi, il arrivait à la hauteur de la petite ville de Fridingen, à quarante-huit kilomètres de son point de départ. Volontiers il aurait brûlé — si toutefois cette expression est de mise quand on suit un chemin liquide — Fridingen comme les stations précé-