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LE PILOTE DU DANUBE.

« Pardon, Monsieur, dit-il, en sautant dans son embarcation, vous faites erreur, je pense ?

— Nullement, répondit l’inconnu. C’est bien à vous que je désire parler.

— À moi ?

— À vous, monsieur Ilia Brusch.

— Dans quel but ?

— Pour vous proposer une affaire.

— Une affaire ! répéta le pêcheur très surpris.

— Et même une excellente affaire, affirma l’inconnu, qui invita du geste son interlocuteur à s’asseoir.

Invitation quelque peu incorrecte, à coup sûr, car il n’est pas d’usage d’offrir un siège à qui vous reçoit chez lui. Mais ce personnage parlait avec tant de décision et de tranquille assurance, qu’Ilia Brusch en fut impressionné. Sans mot dire, il obéit à l’offre incongrue.

— Comme tout le monde, reprit l’inconnu, je connais votre projet et je sais par conséquent que vous comptez descendre le Danube, en vivant exclusivement du produit de votre pêche. Je suis moi-même un amateur passionné de l’art de la pêche, et je désirerais vivement m’intéresser à votre entreprise.

— De quelle façon ?

— Je vais vous le dire. Mais, auparavant, permettez-moi une question. À combien estimez-vous la valeur du poisson que vous pêcherez au cours de votre voyage ?