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LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

une observation en somme parfaitement justifiée.

— Vous avez raison, Monsieur, dit-il. Je vous dirai donc tout d’abord que j’aurais scrupule à vous laisser faire une opération certainement désastreuse.

— C’est mon affaire.

— C’est aussi la mienne, car mon intention n’est pas de pêcher au delà d’une heure par jour.

— Et le reste du temps ?

— Je godille pour activer la marche de mon bateau.

— Vous êtes donc pressé ?

Ilia Brusch se mordit les lèvres.

— Pressé ou non, répondit-il plus sèchement, c’est ainsi. Vous devez comprendre que, dans ces conditions, accepter vos cinq cents florins serait un véritable vol.

— Pas maintenant que je suis prévenu, objecta l’acquéreur sans se départir de son calme imperturbable.

— Tout de même, répliqua Ilia Brusch, à moins que je ne m’astreigne à pêcher tous les jours, ne fût-ce qu’une heure. Or, je ne m’imposerai jamais une telle obligation. J’entends agir à ma fantaisie. Je veux être libre.

— Vous le serez, déclara l’inconnu. Vous pêcherez quand il vous plaira, et seulement quand il vous plaira. Cela augmentera même les charmes du jeu. D’ailleurs, je vous sais assez habile pour que deux ou trois coups heureux suffisent à m’assurer