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AU CONCOURS DE SIGMARINGEN.

les chasseurs, ce qui n’est pas peu dire.

On était à la fin d’un déjeuner des plus substantiels, qui avait rassemblé autour des tables du cabaret une centaine de convives, tous chevaliers de la gaule, enragés de la flotte, fanatiques de l’hameçon. Les exercices de la matinée avaient sans doute singulièrement altéré leurs gosiers, à en juger par le nombre de bouteilles figurant au milieu de la desserte. Maintenant, c’était le tour des nombreuses liqueurs que les hommes ont imaginées pour succéder au café.

Trois heures après midi sonnaient, lorsque les convives, de plus en plus montés en couleur, quittèrent la table. Pour être franc, quelques-uns titubaient et n’auraient pu se passer complètement du secours de leurs voisins. Mais le plus grand nombre se tenaient fermes sur leurs jambes, en braves et solides habitués de ces longues séances épulatoires, qui se renouvelaient plusieurs fois dans l’année à propos des concours de la Ligue Danubienne.

De ces concours très suivis, très fêtés, grande était la réputation sur tout le cours du célèbre fleuve jaune, et non pas bleu comme le chante la fameuse valse de Strauss. Du duché de Bade, du Wurtemberg, de la Bavière, de l’Autriche, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Serbie, et même des provinces turques de Bulgarie et de Bessarabie, les concurrents affluaient.

La Société comptait déjà cinq années