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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Et puis, ajouta le chef civil, il y a ce bruit… qui semble venir d’une marche pesante…

— Qu’est-ce donc alors ?… » s’écria M. Felipe.

Et, en ce moment, comme une réponse qui lui eût été adressée, une détonation se fit entendre, la détonation d’une arme à feu que répercutèrent les échos du cerro d’Urbana, et à laquelle d’autres succédèrent.

« Des coups de fusil !… affirma le sergent Martial. Ce sont des coups de feu, ou je ne m’y connais plus !

— Il faut qu’il y ait des chasseurs en chasse sur la plaine… observa Jean.

— Des chasseurs… mon cher enfant ?… répondit M. Marchal. Ils ne soulèveraient pas une telle masse de poussière… à moins d’être légion… »

Il n’était pas contestable, cependant, que les détonations entendues ne provinssent d’armes à feu, revolvers ou carabines. Et même on pouvait apercevoir une vapeur blanchâtre, qui tranchait sur la teinte jaune du nuage de poussière.

Du reste, de nouveaux coups éclatèrent, et si éloignés qu’ils fussent encore, la légère brise suffisait à les apporter jusqu’à la bourgade.

« À mon avis, messieurs, dit M. Miguel, nous devrions aller reconnaître ce qui se passe de ce côté…

— Et porter secours à des gens qui en ont besoin peut-être… ajouta M. Varinas.

— Qui sait, dit Jean, en regardant M. Marchal, si ce ne sont pas mes compatriotes…

— Ils auraient donc affaire à une armée, répondit le vieillard. Il n’y a que des milliers d’hommes qui puissent soulever tant de poussière !… Vous avez raison, M. Miguel, descendons sur la plaine…

— Bien armés ! » ajouta M. Miguel.

Mesure de prudence très indiquée, en effet, si les pressentiments de Jean de Kermor ne l’avaient pas trompé, si c’étaient les deux