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et de trois

Or, voici que la curiosité publique fut sollicitée de nouveau et dans des circonstances vraiment extraordinaires.

Il est bon de rappeler, tout d’abord, que les journaux n’entretenaient plus leurs lecteurs des phénomènes du Great-Eyry, qui ne s’étaient pas renouvelés. Même silence sur l’automobile et le bateau, dont nos meilleurs agents n’avaient pu trouver trace. Et, très vraisemblablement, tout cela eût été oublié, si un fait nouveau ne fût venu remettre ces incidents en mémoire.

Dans le numéro du 22 juin, des milliers de lecteurs purent lire l’article suivant, publié par l’Evening Star, et que toutes les feuilles de l’Union reproduisirent le lendemain :

« Le lac Kirdall, situé dans le Kansas, à quatre-vingts milles à l’ouest de Topeka, le chef-lieu, est peu connu. Il mérite cependant de l’être, et le sera sans doute, car l’attention publique est attirée sur lui d’une façon très particulière.

» Ce lac, compris dans une région montagneuse, ne paraît avoir aucune communication avec le réseau hydrographique de l’État. Ce qu’il perd par l’évaporation, il le regagne par le tribut des pluies abondantes en cette partie du Kansas.

» La superficie du Kirdall est évaluée à soixante-quinze milles carrés, et son niveau paraît être quelque peu supérieur à la cote moyenne du sol. Enfermé dans son cadre orographique, il est d’un accès difficile à travers d’étroites gorges. Cependant plusieurs villages se sont fondés sur ses bords. Il fournit du poisson en grande abondance, et les barques de pêche le sillonnent en toutes directions.

» Ajoutons que la profondeur du Kirdall est très variable. Près des rives, elle n’est pas inférieure à cinquante pieds. Ce sont des roches presque à pic qui forment les bords de cette vaste cuvette. Les houles, soulevées par le vent, battent parfois son littoral avec fureur, et ses habitations riveraines y sont noyées sous les embruns comme sous des averses d’orages. Les eaux, déjà pro-