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maître du monde

comme à l’ouest, au nord comme au sud, au centre comme sur les bords, successivement, régulièrement pourrait-on dire, ce qui exclut toute idée d’un tremblement de terre ou d’une action volcanique.

» Une hypothèse différente ne tarda pas à se formuler. N’était-ce point la présence d’un monstre marin qui bouleversait les eaux du Kirdall avec cette violence ?… Mais, à moins que ledit monstre ne fût né dans ce milieu, ne s’y fût développé dans des proportions gigantesques, ce qui est peu admissible, il faudrait que, venu du dehors, il eût pu s’introduire dans le lac. Or, le Kirdall n’a aucune communication avec l’extérieur. Quant à l’existence de canaux souterrains, alimentés par les rivières du Kansas, cette explication n’eût pas supporté l’examen. Et, encore, si cet État avait été situé près du littoral de l’Atlantique, du Pacifique, du golfe du Mexique !… Non ! il est central, et à grande distance des mers américaines.

» Bref, la question ne semble pas facile à résoudre, et il est plus aisé d’écarter les données manifestement fausses que de découvrir l’exacte vérité.

» Or, s’il est démontré que la présence d’un monstre dans le Kirdall est impossible, ne s’agirait-il pas plutôt d’un sous-marin évoluant à travers les profondeurs du lac ?… Est-ce qu’il n’existe pas, à notre époque, nombre d’engins de ce genre ?… Et, précisément, à Bridgeport, dans le Connecticut, n’a-t-on pas lancé, il y a quelques années, un appareil, le Protector, qui pouvait naviguer sur l’eau, sous l’eau, et aussi se mouvoir sur terre ?… Construit par un inventeur du nom de Lake, muni de deux moteurs, l’un électrique, de soixante-quinze chevaux, actionnant deux hélices jumelles ; l’autre à pétrole, de deux cent cinquante chevaux, il était en outre pourvu de roues en fonte d’un mètre de diamètre, qui lui permettaient de rouler sur les routes comme sur le fond des mers.