Page:Verne - Maître du monde, Hetzel, 1904.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
à tout prix

« Eh bien, Strock, est-ce qu’il n’y aurait pas là une belle occasion de prendre votre revanche ?…

— La revanche du Great-Eyry ?…

— Précisément.

— Quelle occasion ?… demandai-je, ne sachant trop si mon chef me parlait sérieusement.

— Voyons, reprit-il, n’aimeriez-vous pas à découvrir l’inventeur de cet appareil à triple fin ?…

— N’en doutez pas, monsieur Ward ! répondis-je. Donnez-moi l’ordre de me mettre en campagne, et je ferai l’impossible pour réussir !… Il est vrai, je crois que ce serait difficile…

— En effet, Strock, et peut-être plus difficile que de pénétrer dans le Great-Eyry ! »

Il était évident — pour employer un mot français qui n’a pas d’analogue dans notre langue — que M. Ward me « blaguait » volontiers à propos de ma dernière mission. Toutefois, il le faisait sans méchanceté, et plutôt avec l’intention de me piquer au jeu. Il me connaissait d’ailleurs, il savait que j’eusse donné tout au monde pour reprendre la tentative manquée. Je n’attendais que de nouvelles instructions.

M. Ward me dit alors, et du ton le plus amical :

« Je sais, Strock, que vous avez fait tout ce qui dépendait de vous, et je n’ai rien à vous reprocher… Mais il n’est plus question maintenant du Great-Eyry… Le jour où le gouvernement tiendrait à forcer son enceinte, il lui suffirait de ne point regarder à la dépense, et, avec quelques milliers de dollars, il obtiendrait satisfaction.

— C’est mon avis…

— Cependant, ajouta M. Ward, je crois qu’il est plus utile de mettre la main sur le fantastique personnage qui nous a constamment échappé !… Ce serait œuvre de police et de bonne police !…

— Les rapports ne l’ont pas signalé de nouveau ?…