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X

HORS LA LOI.


Telle était la lettre adressée au gouvernement des États-Unis, déposée à l’Hôtel de la police, sans l’intermédiaire de la poste. Quant à l’individu qui l’avait apportée pendant la nuit du 14 au 15 juillet, personne ne l’avait aperçu.

Cependant un assez grand nombre d’impatients affluaient encore après le coucher du soleil et jusqu’à son lever aux abords de l’Hôtel. Il est vrai, comment eussent-ils vu le porteur de cette lettre, — peut-être son auteur lui-même, — se glissant le long du trottoir et la jetant dans la boîte ?… Il faisait nuit, une nuit de nouvelle lune. On ne s’apercevait pas d’un côté de la rue à l’autre.

J’ai dit que cette lettre avait paru en fac-similé dans les journaux auxquels les autorités la communiquèrent dès la première heure. Or, il ne faudrait pas s’imaginer que l’impression qu’elle causa eût été tout d’abord celle-ci :

« C’est là l’œuvre d’un mauvais plaisant ! »

Non, cette impression, c’était bien celle que j’avais ressentie, lorsque la lettre du Great-Eyry m’était arrivée cinq semaines auparavant. Mais, pour tout dire, persistait-elle encore dans mon esprit ?… Le raisonnement ne l’avait-il pas quelque peu modifiée ?… Quoi qu’il en soit, je l’éprouvais avec moins d’assurance et, en réalité, je ne savais plus trop que penser.

D’ailleurs, ce n’est pas cette impression qui se dégageait, ni à