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le nid de l’aigle

ce monstre aux formidables ailes, avec lequel ils n’auraient pu lutter ni en force ni en vitesse !

Ainsi, tout me portait à le croire, c’était ici que le Maître du Monde se retirait, lorsque ses prodigieux voyages prenaient fin… C’était ici la remise de son automobile, le port de son bateau, le nid de son engin d’aviation ! Et, maintenant, l’Épouvante reposait immobile au fond de ce cirque.

Enfin, j’allais pouvoir l’examiner, et il ne me semblait pas qu’on songeât à m’en empêcher. La vérité est que le capitaine ne paraissait pas plus s’inquiéter de ma présence qu’il ne l’avait fait jusqu’alors. Ses deux compagnons venaient de le rejoindre. Ils ne tardèrent pas à entrer tous trois dans la grotte dont j’ai parlé. Je pouvais donc examiner l’appareil, — à l’extérieur du moins. Quant à ses dispositions intérieures, il est probable que j’en serais réduit aux conjectures.

En effet, sauf celui de ma cabine, les autres panneaux étaient fermés, et c’est en vain que j’essayai de les ouvrir. Après tout, peut-être était-il plus intéressant de reconnaître quel moteur employait l’Épouvante dans ses multiples transformations.

Je sautai à terre, et j’eus tout le loisir de procéder à ce premier examen.

L’appareil était de structure fusiforme, l’avant plus aigu que l’arrière, la coque en aluminium, les ailes en une substance dont je ne pus déterminer la nature. Il reposait sur quatre roues d’un diamètre de deux pieds, garnies à la jante de pneus très épais qui assuraient la douceur du roulement à toute vitesse. Leurs rayons s’élargissaient comme des palettes, et, alors que l’Épouvante se mouvait sur ou sous les eaux, elles devaient accélérer sa marche.

Mais ces roues ne formaient pas le principal moteur. Celui-ci comprenait deux turbines Parson’s, placées longitudinalement de chaque côté de la quille. Mues avec une extrême rapidité par