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maître du monde

zones de l’atmosphère qu’ils venaient de parcourir, et dans quelles conditions, à bord de l’aéronef ! S’ils ne l’eussent pas fait, ils n’auraient pas été de vrais Américains.

Le 20 avril de l’année suivante, l’aérostat était prêt à partir sous la direction de Harry W. Tinder, le célèbre aéronaute, que devaient accompagner le président et le secrétaire du Weldon-Institut.

Je dois ajouter que, depuis leur retour, personne n’avait entendu parler de Robur, pas plus que s’il n’eût jamais existé. Et, d’ailleurs, n’y avait-il pas toute raison de croire que son aventureuse carrière s’était terminée après l’explosion de l’Albatros, englouti dans les profondeurs du Pacifique ?…

Le jour de l’ascension arriva. J’étais là, avec des milliers de spectateurs, dans le parc de Fairmont. Le Go a head allait s’élever aux dernières hauteurs, grâce à son énorme volume. Il va sans dire que la question des avantistes et des arriéristes avait été résolue d’une façon aussi simple que logique : une hélice à l’avant de la nacelle, une hélice à l’arrière, que l’électricité devait actionner avec une puissance supérieure à tout ce qui s’était fait jusqu’à ce jour.

Du reste, temps propice, s’il en fut, ciel sans nuages et sans un souffle de vent.

À onze heures vingt, un coup de canon annonça à toute cette foule que le Go a head était prêt à partir.

« Lâchez tout ! »

Ce cri sacramentel fut jeté d’une voix forte par Uncle Prudent lui-même. L’aérostat s’éleva majestueusement et lentement dans les airs. Puis commencèrent les épreuves de déplacement suivant l’horizontale, — opération qui fut couronnée du plus éclatant succès.

Tout à coup un cri retentit, — un cri que cent mille bouches répétèrent !…