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maître du monde

— J’en conviens, Strock !… Les mystères du Great-Eyry, les transformations de l’Épouvante, vous les avez découverts !… Par malheur, les secrets de ce Maître du Monde sont morts avec lui… »

Le soir même, les journaux de l’Union publièrent le récit de mes aventures, dont la véracité ne pouvait être mise en doute, et, comme l’avait dit M. Ward, je fus l’homme du jour.

L’un d’eux disait :

« Grâce à l’inspecteur Strock, l’Amérique détient le record de la police. Tandis qu’ailleurs, on agit avec plus ou moins de succès sur terre et sur mer, la police américaine s’est lancée à la poursuite des criminels dans les profondeurs des lacs et des océans et jusqu’à travers l’espace… »

En agissant comme je l’ai raconté, ai-je fait autre chose que ce qui sera peut-être à la fin de ce siècle le rôle de nos futurs collègues ?

On imagine aussi quel accueil me fit ma vieille servante, lorsque je rentrai dans la maison de Long-Street ! À mon apparition, — n’est-ce pas le mot juste ? — je crus qu’elle allait trépasser, la brave femme !… Puis, après m’avoir entendu, les yeux mouillés de larmes, elle remercia la Providence de m’avoir sauvé de tant de périls !

« Eh bien… monsieur, dit-elle, eh bien… avais-je tort ?…

— Tort, ma bonne Grad ?… et de quoi ?…

— De prétendre que le Great-Eyry servait de retraite au diable ?…

— Mais non, ce Robur ne l’était pas…

— Eh bien, répliqua la vieille Grad, il eût été digne de l’être ! »


fin.