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maître du monde

— Maintenant, Strock, recommandation d’agir avec toute la discrétion possible, lorsque vous recueillerez des renseignements dans le pays… Les esprits y sont encore très surexcités… Il y aura bien des réserves à faire sur ce qui vous sera raconté, et, dans tous les cas, évitez d’y déterminer une nouvelle panique…

— C’est entendu…

— Vous serez accrédité près du maire de Morganton, qui manœuvrera de concert avec vous… Encore une fois, soyez prudent, Strock, et n’associez à votre enquête que les personnes dont vous aurez absolument besoin. Vous nous avez souvent montré des preuves de votre intelligence et de votre adresse, et, cette fois, nous comptons bien que vous réussirez…

— Si je ne réussis pas, monsieur Ward, c’est que je me heurterai à des impossibilités absolues, car enfin il est possible qu’on ne puisse forcer l’entrée du Great-Eyry, et, dans ce cas…

— Dans ce cas, nous verrions ce qu’il y aurait à faire. Je le répète, nous savons que, par métier, par instinct, vous êtes le plus curieux des hommes, et c’est là une superbe occasion de satisfaire votre curiosité. »

M. Ward disait vrai.

Je lui demandai alors :

« Quand dois-je partir ?…

— Dès demain.

— Demain, j’aurai quitté Washington, et après-demain je serai à Morganton.

— Vous me tiendrez au courant par lettre ou télégramme…

— Je n’y manquerai pas, monsieur Ward… En prenant congé de vous, je vous renouvelle mes remerciements de m’avoir choisi pour diriger cette enquête dans l’affaire du Great-Eyry. »

Et comment aurais-je pu soupçonner ce que me réservait l’avenir !

Je rentrai immédiatement à la maison, où je fis mes préparatifs