Page:Verne - Maître du monde, Hetzel, 1904.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
maître du monde

ton, nous ferions halte à la ferme de Wildon, entre les premières ramifications des Montagnes-Bleues.

La contrée ne présentait aucune modification. Invariablement, les bois et les marais qui alternaient, ces derniers plus espacés, cependant, étant donné l’exhaussement progressif du sol aux approches de la chaîne. Le pays était aussi moins peuplé. À peine de rares villages, perdus sous la puissante ramure des hêtres, des fermes isolées, qu’arrosaient abondamment les rios descendus des ravins, affluents nombreux de la rivière de Sarawba.

Faune et flore, les mêmes que la veille, et, en somme, assez de gibier pour qu’un chasseur pût faire bonne chasse.

« Je serais vraiment tenté de prendre mon fusil et de siffler Nisko ! disait M. Smith. C’est bien la première fois que je passe ici sans éparpiller mon plomb sur les perdrix et les lièvres !… Ces bonnes bêtes ne me reconnaîtront plus !… Mais, à moins que nos provisions ne viennent à s’épuiser, nous avons autre chose en tête aujourd’hui… la chasse aux mystères…

— Et, ajoutai-je, puissions-nous, monsieur Smith, ne pas revenir bredouilles ! »

Pendant la matinée, il fallut traverser une interminable plaine, où les cyprès et les lataniers ne poussaient que par groupes ou bouquets. À perte de vue s’étendait une agglomération de petites huttes en terre, capricieusement établies, dans lesquelles fourmillait tout un monde de petits rongeurs. Là vivaient en troupe des milliers d’écureuils, de cette espèce plus particulièrement connue en Amérique sous l’appellation vulgaire de « chiens des prairies ». Si ce nom leur a été donné, ce n’est point que ces animaux ressemblent en quoi que ce soit à n’importe quel type de la race canine. Non, c’est pour la raison qu’ils font entendre comme un jappement de roquet. Et, en vérité, tandis que nous filions au grand trot, c’était à se boucher les oreilles !