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la soirée du 2 mars.

route encore éclairée des lueurs de l’incendie, et, une heure plus tard, ils repassaient le fleuve à l’endroit où les attendaient leurs embarcations, deux milles au-dessous de Camdless-Bay.

Bientôt les cris se furent éteints dans l’éloignement. Aux bruyantes détonations succéda un silence absolu. C’était comme un silence de mort sur la plantation.

Il était alors neuf heures et demie du soir. James Burbank et ses compagnons redescendirent au rez-de-chaussée dans le hall. Là se trouvait Edward Carrol, étendu sur un divan, légèrement blessé, plutôt affaibli par la perte de son sang.

On lui apprit ce qui s’était passé à la suite du signal envoyé de Jacksonville. Castle-House, en ce moment, du moins, n’avait plus rien à craindre de la bande de Texar.

« Oui, sans doute, dit James Burbank, mais force est restée à la violence, à l’arbitraire ! Ce misérable a voulu disperser mes noirs affranchis, et ils sont dispersés ! Il a voulu dévaster la plantation par vengeance, et il n’y reste plus que des ruines !

— James, dit Walter Stannard, il pouvait nous arriver de plus grands malheurs encore. Aucun de nous n’a succombé en défendant Castle-House. Votre femme, votre fille, la mienne, auraient pu tomber entre les mains de ces malfaiteurs, et elles sont en sûreté.

— Vous avez raison, Stannard, et Dieu en soit loué ! Ce qui a été fait par ordre de Texar ne restera pas impuni, et je saurai faire justice du sang versé !…

— Peut-être, dit alors Edward Carrol, est-il regrettable que madame Burbank, Alice, Dy et Zermah aient quitté Castle-House ! Je sais bien que nous étions très menacés alors !… Cependant, j’aimerais mieux à présent les savoir ici !…

— Avant le jour, j’irai les rejoindre, répondit James Burbank. Elles doivent être dans une inquiétude mortelle, et il faut les rassurer. Je verrai alors s’il y a lieu de les ramener à Camdless-Bay ou de les laisser pendant quelques jours au Roc-des-Cèdres !

— Oui, répondit M. Stannard, il ne faut rien précipiter. Tout n’est peut-