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nord contre sud.

vertes, de yuccas avec leur cliquetis de sabres acérés, de rhododendrons rosés, des buissons de myrtes et de pamplemousses, enfin tout ce que peut produire la flore d’une zone qui touche au Tropique, était réuni dans ces parterres pour la jouissance de l’odorat et le plaisir des yeux.

À la limite de l’enceinte, sous le dôme des cyprès et des baobabs, étaient enfouies les écuries, les remises, les chenils, les aménagements de la laiterie et des basses-cours. Grâce à la ramure de ces beaux arbres, impénétrable même au soleil de cette latitude, les animaux domestiques n’avaient rien à craindre des chaleurs de l’été. Dérivées des rios voisins, les eaux courantes y maintenaient une agréable et saine fraîcheur.

On le voit, ce domaine privé, spécial aux hôtes de Camdless-Bay, c’était une enclave merveilleusement agencée au milieu du vaste établissement de James Burbank. Ni le tapage des moulins à coton, ni les frémissements des scieries, ni les chocs de la hache sur les troncs d’arbres, ni aucun de ces bruits que comporte une exploitation si importante, ne parvenaient à franchir les palanques de l’enceinte. Seuls, les mille oiseaux de l’ornithologie floridienne pouvaient la dépasser en voltigeant d’arbre en arbre. Mais ces chanteurs ailés, dont le plumage rivalise avec les étincelantes fleurs de cette zone, n’étaient pas moins bien accueillis que les parfums dont la brise s’imprégnait en caressant les prairies et les forêts du voisinage.

Telle était Camdless-Bay, la plantation de James Burbank, et l’une des plus riches de la Floride orientale.