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où en est la guerre de sécession.

Au Sud, le zèle n’est pas moins grand. Il y a bien les fonderies de canon de la Nouvelle-Orléans, celles de Memphis, les forges de Tredogar, près de Richmond, qui fabriquent des Parrotts et des Rodmans. Mais cela ne peut suffire. Le gouvernement confédéré s’adresse à l’Europe. Liège et Birmingham lui envoient des cargaisons d’armes, des pièces des systèmes Armstrong et Whitworth. Les forceurs de blocus, qui viennent chercher à vil prix du coton dans ses ports, n’en obtiennent qu’en échange de tout ce matériel de guerre. Puis l’armée s’organise. Ses généraux sont Johnston, Lee, Beauregard, Jackson, Critenden, Floyd, Pillow. On adjoint des corps irréguliers, tels que milices et guérillas, aux quatre cent mille volontaires, enrôlés pour trois ans au plus et un an au moins, que le Congrès séparatiste, à la date du 8 août, accorde à son président Jefferson Davis.

Cependant ces préparatifs n’empêchent pas la lutte de reprendre dès la seconde moitié du premier hiver. De tout le territoire à esclaves, le gouvernement fédéral n’occupe encore que le Maryland, la Virginie occidentale, le Kentucky en quelques portions, le Missouri pour la plus grande part, et un certain nombre de points du littoral.

Les nouvelles hostilités commencent d’abord dans l’est du Kentucky. Le 7 janvier, Garfield bat les confédérés à Middle-Creek, et le 20, ils sont de nouveau battus à Logan-Cross ou Mill-Springs. Le 2 février, Grant s’embarque avec deux divisions sur quelques grands vapeurs du Tennessee que va soutenir la flottille cuirassée de Foote. Le 6, le fort Henry tombe en son pouvoir. Ainsi est brisé un anneau de cette chaîne « sur laquelle, dit l’historien de cette guerre civile, s’appuyait tout le système de défense de son adversaire Johnston ». Le Cumberland et la capitale du Tennessee sont donc menacés directement et à court délai par les troupes fédérales. Aussi Johnston cherche-t-il à concentrer toutes ses forces au fort Donelson, afin de retrouver un point d’appui plus sûr pour la défensive.

À cette époque, une autre expédition, comprenant un corps de seize mille hommes sous les ordres de Burnside, une flottille composée de vingt-quatre vapeurs armés en guerre et de cinquante transports, descend la Chesapeake et appareille de Hampton-Roads, le 12 janvier. Malgré de violentes tempêtes,