Page:Verne - Une ville flottante, 1872.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
La nature, en cet endroit.

comotive parée comme une châsse, — un bijou d’orfèvrerie à poser sur une étagère, — se mit en mouvement, et nous voilà entraînés avec une vitesse de douze lieues à l’heure. Mais au lieu d’être emboîtés, comme on l’est dans les wagons des chemins de fer français, nous étions libres d’aller, de venir, d’acheter des journaux et des livres « non estampillés ». L’estampille ne me paraît pas, je dois l’avouer, avoir pénétré dans les mœurs américaines ; aucune censure n’a imaginé, dans ce singulier pays, qu’il fallût surveiller avec plus de soin la lecture des gens assis dans un wagon que celle des gens qui lisent au coin de leur feu, assis dans leur fauteuil. Nous pouvions faire tout cela, sans attendre les stations et les gares. Les buvettes ambulantes, les bibliothèques, tout marche avec les voyageurs. Pendant ce temps, le train traversait des champs sans barrières, des forêts nouvellement défrichées, au risque de heurter des troncs abattus, des villes nouvelles aux