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aventures

cours d’eau, faisait partie du matériel anglais. Quant aux chariots, le partage s’était opéré, suivant la nature des approvisionnements qu’ils portaient. Le ravitaillement des deux caravanes, et même leur confort se trouvaient donc assurés. Quant aux indigènes formant le détachement dirigé par le bushman, ils s’étaient séparés en deux troupes de nombre égal, non sans avoir montré, par leur attitude, que cette séparation leur déplaisait. Peut-être avaient-ils raison, au point de vue de la sécurité générale. Ces Bochjesmen se voyaient entraînés loin des régions qui leur étaient familières, loin des pâturages et des cours d’eau qu’ils avaient l’habitude de fréquenter, vers une contrée septentrionale sillonnée de tribus errantes, malheureusement hostiles aux Africains du Sud, et, dans ces conditions, il leur convenait peu de diviser leurs forces. Mais enfin, le bushman et le foreloper aidant, ils avaient consenti au fractionnement de la caravane en deux détachements, qui, d’ailleurs, — et ce fut la raison dont ils se montrèrent le plus touchés, — devaient opérer à une distance relativement rapprochée l’un de l’autre et dans la même région.

En quittant Kolobeng, le 31 août, la troupe du colonel Everest se dirigea vers ce dolmen qui avait servi de point de mire aux dernières observations. Elle rentra donc dans la forêt incendiée, et elle arriva au monticule. Les opérations furent reprises le 2 septembre. Un grand triangle, dont le sommet alla s’appuyer sur la gauche à un pylône dressé sur une extumescence du sol, permit aux observateurs de se porter immédiatement de dix ou douze milles dans l’ouest de l’ancienne méridienne.

Six jours plus tard, le 8 septembre, la série des triangles auxiliaires se trouvait achevée, et le colonel Everest, d’accord avec ses collègues, et vérification faite des cartes, choisissait le nouvel arc du méridien que des mesures ultérieures devaient calculer jusqu’à la hauteur du vingtième parallèle sud. Ce méridien se trouvait situé à un degré dans l’ouest du premier. C’était le vingt-troisième compté à l’est du méridien de Greenwich. Les Anglais ne devaient donc pas opérer à plus de soixante milles des Russes, mais cette distance était suffisante pour que leurs triangles ne vinssent pas à se croiser. Dans ces conditions, il était improbable que les deux partis se rencontrassent dans les mesures trigonométriques, et improbable par conséquent, que le choix d’une mire devînt le motif d’une discussion ou peut-être d’une collision regrettable.

Le pays que parcoururent pendant tout le mois de septembre les observateurs anglais, était fertile et accidenté, peu peuplé cependant. Il favorisait la marche en avant de la caravane. Le ciel était très beau, très clair, sans brouillard et sans nuages. Les observations s’accomplissaient facilement. Peu de forêts importantes, des taillis largement espacés, de vas-