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aventures

peut se dire. On ne leur épargna pas les félicitations. En quelques mots, ils racontèrent leur voyage. L’aller avait été difficile. Dans les longues forêts qui précédaient la région montagneuse, ils s’étaient égarés pendant deux jours. N’ayant aucun point de repère, marchant sur l’indication assez vague du compas, ils n’eussent jamais atteint le mont Volquiria sans la sagacité de leur guide. Le foreloper s’était montré, partout et toujours, intelligent et dévoué. L’ascension du pic avait été rude. De là des retards dont les jeunes gens souffrirent non moins impatiemment que leurs collègues du Scorzef. Enfin, ils avaient pu atteindre le sommet du Volquiria. — Le fanal électrique fut installé dans la journée du 4 mars, et pendant la nuit du 4 au 5, sa lumière, accrue par un puissant réflecteur, brilla pour la première fois à la pointe du pic. Ainsi donc, les observateurs du Scorzef l’aperçurent presque aussitôt qu’elle eût paru.

De leur côté, Michel Zorn et William Emery avaient facilement aperçu le feu intense qui brilla au sommet du Scorzef, lors de l’incendie du fortin. Ils en avaient relevé la direction au moyen du théodolite, et achevé ainsi la mesure du triangle dont le sommet s’appuyait au pic du Volquiria.

« Et la latitude de ce pic ? demanda le colonel Everest à William Emery, l’avez-vous déterminée ?

— Exactement, colonel, et par de bonnes observations d’étoiles, répondit le jeune homme.

— Ce pic se trouve situé ?…

— Par 9° 37′ 3″, 337 avec une approximation de trois cent trente-sept millièmes de seconde, répondit William Emery.

— Eh bien, messieurs, reprit le colonel, notre tâche est pour ainsi dire terminée. Nous avons mesuré un arc du méridien de plus de huit degrés au moyen de soixante-trois triangles, et, quand les résultats de nos opérations auront été calculés, nous connaîtrons exactement quelle est la valeur du degré, et par conséquent celle du mètre dans cette partie du sphéroïde terrestre.

— Hurrah ! hurrah ! s’écrièrent les Anglais et les Russes, unis dans un même sentiment.

— Maintenant, ajouta le colonel Everest, il ne nous reste plus qu’à gagner l’océan Indien en descendant le cours du Zambèse. N’est-ce pas votre avis, monsieur Strux ?

— Oui, colonel, répondit l’astronome de Poulkowa, mais je pense que nos opérations doivent avoir un contrôle mathématique. Je propose donc de continuer dans l’est le réseau trigonométrique jusqu’au moment où nous aurons trouvé un emplacement propice à la mesure directe d’une nouvelle base. La concordance qui existera entre la longueur de cette base,