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chercher et traînèrent avec effort son étui pesant, porté sur huit roues. On l’amena devant Rama. « Je vais d’une main lever cette arme, dit-il, et quand je l’aurai bandée, j’emploierai toute ma force à tirer cet arc divin. »


Au même instant, Rama leva cette arme d’une seule main, comme en se jouant, la courba sans beaucoup d’efforts et lui passa la corde en riant, à la vue des assistants, répandus là près de lui et par tous les côtés.

Ensuite, quand il eut mis la corde, il banda l’arc d’une main robuste ; mais la force de cette héroïque tension était si grande qu’il se cassa par le milieu ; et l’arme, en se brisant, dispersa un bruit immense, comme d’une montagne qui s’écroule, ou tel qu’un tonnerre lancé par la main d’Indra sur la cime d’un arbre sourcilleux.

À ce fracas étourdissant, tous les hommes tombèrent, frappés de stupeur, excepté Viçvâmitra, le roi de Mithila et les deux petits-fils de Raghou[1].


C’est ainsi que Rama le Daçarathide avait épousé Sita la Mithiléenne, qui voulut partager son exil.


Les deux époux quittent leur demeure, accompagnés du généreux Laksmana, frère de Rama. Au palais, dans la ville, tout le monde gémit ; la nature elle-même se met en deuil. Mais personne n’a une plus violente douleur que le malheureux roi Daçaratha contraint par le respect dû à la parole donnée de chasser loin de lui le plus aimé de ses

enfants. Il ne cesse de sangloter, il s’informe de ce que fait

  1. Rama et son frère Laksmana. Ramayana, tome I, chapitre 69, le Brisement de l’Arc, trad. Fauche, t. I, p. 369.