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n’avait pas encore trop dénaturé, selon lui, les faits fournis par la réalité. Si telle a bien été son intention, s’il a cru que la partie merveilleuse de l’histoire de Rama en était la plus récente, il risque de s’être mépris : en accord avec la plupart des indianistes de son temps, il serait en désaccord avec la plupart des indianistes d’aujourd’hui.


Çunacépa[1]

Çunacépa a une tout autre valeur que l’Arc de Civa, mais aussi a-t-il été composé d’après une tout autre méthode[2]. Résumer en un poème de trente stances les principaux événements que la première partie du Ramayana raconte en des milliers de vers, voilà ce que Leconte de Lisle semble surtout avoir voulu faire dans l’Arc de Civa : c’était une œuvre un peu vaine. Mettre dans un court poème, non pas les faits de la grande épopée, ni ses héros, mais, avec des faits différents et avec des héros différents, son esprit, ses ressorts, ses éléments d’intérêt ; pour cela, choisir une légende tout à fait épisodique, à laquelle, par suite, on pût toucher sans inconvénient et qui fût sèchement racontée dans l’original, voilà sans doute ce qu’il a essayé de faire dans Çunacépa : c’était une tentative bien plus intéressante, et elle a merveilleusement réussi.


Le saint roi Ambarîsha se préparait à verser le sang d’un

  1. Poèmes antiques, VI.
  2. Çunacépa est postérieur. Il ne figurait pas dans le premier recueil du poète.