Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/46

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soleil, le feu de l’espace ou l’éclair qui jaillit de la nuée ; — Indra, dieu gigantesque, en qui se sont fondus un dieu solaire triomphant de l’hiver et un dieu de l’orage brassant les nues pour abreuver la terre ; — Sôma, à qui est dédié tout un livre, dieu qui est à la fois le sôma, c’est-à-dire le suc d’une plante qu’on offrait aux dieux, et la lune au croissant clair ; — Varouna, le seul dieu moral du panthéon védique, « le Très-Haut qui venge l’innocence opprimée, l’implacable qui châtie, ou le miséricordieux qui pardonne » ; quel est-il donc à l’origine, celui-ci ? il est le ciel nocturne, qui par les mille yeux de ses étoiles a guetté le crime se flattant de l’impunité ; il est le père de Mitra, le ciel diurne : tous deux ont pour œil commun Souryâ. — Beaucoup d’autres dieux reçoivent, plus ou moins souvent, l’hommage des poètes védiques : Vayou, le vent ; l’Aurore et ses deux chevaliers servants, les Aswins ; Rudra, qui envoie du Nord l’épouvante, la fièvre et les fléaux ; les Marouts ; Savitri, l’excitateur ; Yama, le dieu de la mort. On ne peut les nommer tous.

Parmi les 1 017 hymnes qui forment le Rig-Véda, combien sont adressés à Souryâ ? Très peu. Et cependant si l’on voulait faire un hymne qui, en quelque sorte, les résumât tous, c’était bien un hymne au soleil qu’on devait faire. Car les phénomènes solaires ont certainement fourni les principaux éléments du polythéisme védique, et sous les noms que nous venons de citer on reconnaît bien souvent le soleil[1].

  1. Dans le Maha-Bharata, un personnage récite la litanie descent huit noms du soleil. Le premier nom est Souryâ. Viennent ensuite Aryaman,