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ils donc nombreux dans le Rig-Véda ? Ils y sont, au contraire, fort rares. Mais leur rareté ne diminue pas leur importance. Et puis, à côté de l’hymne à Souyrâ, poème de la vie, il était naturel de mettre le poème de la mort. Les deux pièces se complètent, et elles nous reportent, comme il convenait, à la même phase de l’histoire de la religion védique : aux origines ; car en adressant ce deuxième hymne à Agni, le poète appelle le dieu « Savitri, roi des Êtres, cavalier flamboyant », c’est-à-dire l’identifie complètement avec le soleil.


Les deux poèmes n’ont pas été composés d’après le même procédé.

Dans sa Prière pour les Morts, Leconte de Lisle a combiné des morceaux empruntés à trois hymnes funèbres du Rig-Véda.

À la fin d’un hymne à Mrityou (un des noms du dieu des morts), le poète védique demande à la terre maternelle d’être douce aux restes qui lui sont confiés : — Va, dit-il au mort ;


Va trouver la terre, cette mère large et bonne, qui s’étend au loin. Toujours jeune, qu’elle soit douce comme un tapis pour celui qui a honoré (les dieux) par ses présents. Qu’elle te protège contre Nirriti[1].

Ô Terre, soulève-toi. Ne blesse point (ses ossements). Sois pour lui prévenante et douce, Ô Terre, couvre-le, comme une mère (couvre son enfant) d’un pan de sa robe.

Que la Terre se soulève pour toi. Que sa poussière t’enveloppe mollement…

  1. Déesse du mal.