Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/49

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J’amasse la terre autour de toi ; je forme ce tertre, pour que (tes ossements) ne soient point blessés[1].


C’est touchant, mais c’est un peu verbeux, et Leconte de Lisle a pu aisément réduire ces quatre strophes à quatre vers, les quatre derniers de sa première strophe :


Ouvre sa tombe heureuse et qu’il s’endorme en elle,
Ô Terre du repos, douce aux hommes pieux !
Revêts-le de silence, ô Terre maternelle,
Et mets le long baiser de l’ombre sur ses yeux.


Au début d’un hymne à Agni, le poète védique invite le dieu à ne point consumer le corps qui vient de perdre la vie : car ce corps doit retourner aux éléments. Que le Dieu protège l’âme immortelle, qu’il l’emmène au séjour des hommes pieux, et pour cela qu’il forme pour elle un corps subtil, chariot qui le transportera :


Ô Agni, garde-toi de brûler, de consumer (ce trépassé). Ne déchire ni sa peau ni son corps. Ô Djâtavédas, si tu es satisfait de nos offrandes, prête-lui tes secours avec les Pitris.

Si tu es satisfait de nos offrandes, ô Djâtavédas, entoure-le avec les Pitris. Il vient pour obtenir (le corps) qui transporte son âme. Qu’il soit au pouvoir des dieux.

Que l’œil aille dans le Soleil, le souffle dans Vayou. [Le poète s’adresse au mort :] Remets au ciel et à la terre ce que tu leur dois. Va donner aux eaux et aux plantes les parties de ton corps qui leur appartiennent.

Mais il est (de son être) une portion immortelle. C’est elle qu’il faut échauffer de tes rayons [le poète s’adresse à Agni],

  1. Section VII, lecture VI, hymne XIII, versets 10-13 ; trad. Langlois, t. IV, p. 60. Les mots mis entre parenthèses l’ont été par le traducteur.