Page:Viaud - Des effluves ou émanations paludéennes.djvu/11

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ce que l’on voit à l’ouest du département de la Charente-Inférieure, dans la partie comprise entre Rochefort et Marennes ; ce pays, appelé le Brouageais, situé sur les bords de l’Océan et en face l’île d’Oléron, est depuis quelques siècles à peine recouvert presqu’entièrement de marécages de formations récentes, connus dans le pays sous le nom vulgaire de marais gâts. Brouage était encore sous Louis XIV un port militaire ayant une assez grande importance ; les flots de la mer venaient baigner ses remparts ; mais aujourd’hui la mer, en se retirant à plusieurs kilomètres, a laissé un port comblé par des dépôts marins et converti en marais. Cette ville, déchue et déserte, voit sa population, autrefois saine et nombreuse, décimée par les fièvres intermittentes et n’a de protection contre les attaques de cette maladie que ses remparts qui tombent en ruine de jour en jour et forment ainsi d’impuissantes barrières à la propagation des effluves. Peut-être qu’avec l’assainissement, ce pays reprendra sa première grandeur. Un autre exemple semblable est celui d’Aigues-Mortes, dans le département du Gard, qui, sous le règne de saint Louis, était une ville florissante et avait un bon port sur la Méditerranée ; mais aujourd’hui, cette ville a subi le même sort que Brouage, et son pays, quoique moins malsain que le Brouageais, est couvert de marécages.

Les quelques faits que nous venons de citer nous montrent suffisamment quels fâcheux effets ont produit et produisent chaque jour les marais ; nous pourrions multiplier ces exemples, mais cela nous mènerait trop loin. Ajoutons seulement, pour compléter, quelques faits dus aux marais souterrains, aux fouilles, aux déblais, aux défrichements des terres vierges qui ont été parfois le point de départ d’émanations paludéennes. Ainsi les soldats qui, sous le règne de Louis XIV, furent occupés à creuser les conduits destinés à