Page:Viaud - Des effluves ou émanations paludéennes.djvu/32

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naire. Si les miasmes paludéens ne sont pas encore bien connus dans leur nature, du moins en connaît-on les fâcheux effets.

Les individus forcés de vivre au milieu de l’air vicié des marais sont ordinairement d’une petite taille. Ils ont constamment le teint livide, blafard, la voix rauque, les dents ordinairement mauvaises, le ventre gros, les jambes engorgées, les extrémités supérieures grêles ; la figure, ridée de bonne heure, présente, dès les premiers ans, l’aspect de la vieillesse et l’empreinte de la tristesse et de la souffrance. Si leurs forces musculaires sont beaucoup réduites, leur énergie morale l’est encore plus. Un état habituel d’insouciance, d’apathie et de froid égoïsme, des idées fausses et bornées, l’absence de tout sentiment affectueux, la propension aux crimes que dicte la vengeance jointe à la lâcheté, forment leur caractère. La vie est courte dans les pays marécageux et la phthisie, dit-on, fréquente ; la population s’y entretient à peine ou diminue.

Tels sont les effets continus des miasmes chez l’homme ; voyons maintenant ce que dit M. Magne, sur la constitution des animaux obligés d’habiter ces lieux palustres : « Sous l’influence des marais, les fonctions organiques languissent, du moins chez tous les animaux des classes supérieures, la digestion est difficile, le chyle peu réparateur, le sang pauvre, aqueux et la lymphe abondante ; l’assimilation se fait mal et les tissus sont mous et pâles ; les herbivores ne prennent ni muscles ni graisse et semblent formés exclusivement de tissus blancs, albumineux ; ils ont la peau épaisse, rude, les productions cornées très développées ; et la viande fade, peu nutritive. Depuis le dessèchement des marais de la Charente, la chair des bœufs de ce pays a un grain plus fin ; elle est plus courte, plus savoureuse, nourrit mieux et se conserve davantage.