Page:Viaud - Des effluves ou émanations paludéennes.djvu/34

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Hippocrate déjà avait observé que les maladies palustres peuvent avoir leur source dans l’absorption des eaux marécageuses, il ajoute que ces mêmes eaux engendrent la fièvre et la dysenterie. M. Pereyra, de Bordeaux, parle des habitants des Landes bordelaises et de plusieurs parties du département de la Gironde, qui n’ont pour boisson que l’eau impaludée de leurs puits ; or, ce médecin a observé pendant treize ans que ceux qui filtrent ces eaux au charbon, échappent à la fièvre, tandis que la maladie sévit sur ceux qui ne prennent pas cette précaution. D’autres médecins ont constaté dans des contrées diverses les mêmes effets, ces médecins sont nombreux ; nous pouvons citer Ant. de Jussieu, Pringle, Pouqueville, de Humboldt, Virey, Dazille, Volney, Boudin, Périer, Thévenot, etc. M. de Gasparin a rendu des moutons hydrohémiques en leur faisant boire la rosée des marais, et en les frictionnant avec ce liquide.

Devant tous ces faits, la question reste indécise ; mais toutefois les opinions qui sont contraires à la nocuité des effluves par les voies digestives sont principalement basées sur des expériences dont il faudrait vérifier l’exactitude. L’intoxication paludéenne est un fait de quantité ; les miasmes ne peuvent-ils pas être amenés dans les voies digestives, dissous par les liquides propres au travail de la digestion et de l’absorption, conduits dans le torrent circulatoire. Arrivés dans ce dernier appareil, les miasmes peuvent vicier et altérer le sang, saturer l’économie animale et produire des effets plus ou moins pernicieux. Outre ces phénomènes morbides, l’eau concentrée d’effluves à une saveur particulière, se rapprochant de celle d’une eau dans laquelle on aurait fait macérer des herbages, et peut produire un léger picotement à son passage dans le gosier ; elle peut occasionner parfois des irritations des voies digestives.