Page:Viaud - Des effluves ou émanations paludéennes.djvu/35

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Les effets pathologiques des effluves peuvent se montrer après un temps plus ou moins long, cette incubation varie suivant la quantité d’effluves introduits dans l’organisme, la rapidité avec laquelle s’est faite leur absorption, la force de résistance plus ou moins prononcée que les individus leur opposent suivant leur âge, leur tempérament, leur constitution. Les effets des miasmes diffèrent de ceux des virus qui sont de nature différente et ont un autre mode d’action bien distinct, on ne doit voir dans ce mode d’action qu’une infection ; tout est limité à une quantité. Cet agent morbide ne produira son effet débilitant sur l’organisme qu’autant que l’économie animale en contiendra une quantité considérable ; c’est ce que nous ne voyons pas pour les virus dont la plus petite parcelle peut réagir et communiquer à toute la masse son effet nuisible. Ces derniers agissent à la manière des ferments, comme des semences ou des germes d’animaux et de végétaux ; les miasmes paludéens agissent comme de véritables toxiques. Impaludation et intoxication paludéenne peuvent donc être synonymes.

L’incubation varie, avons-nous dit ; d’après certains médecins les effets morbides des effluves peuvent ne se dessiner que six et même huit mois après l’abandon d’un pays marécageux, d’autres fois on les a vu se déclarer le lendemain. Mais laissant toutes ces circonstances exceptionnelles de côté, nous pouvons dire qu’il suffit ordinairement d’un délai de huit à quinze jours pour que les effets morbides se manifestent. Suivant la concentration des effluves dans l’air, les effets sont plus ou moins prompts. Ainsi, d’après le comte de Tournon, l’un des hommes qui ont écrit avec le plus de vérité sur Rome, une promenade à cheval, le soir, à la villa Borghèse, suffit souvent pour faire contracter la fièvre. On voit journellement des accès chez des voya-