Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/107

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même connu et véritablement apprécié toute la grandeur de ces monumens que long-temps après, lorsque, fatigué de la pauvre magnificence que j’avais trouvée au-delà des monts, je revins à Rome, et y séjournai des années.






CHAPITRE II.

Suite des voyages. — Je me délivre aussi du gouverneur.


Cependant l’hiver approchait et nous pressait, et plus vivement encore je pressais, moi, notre indolent précepteur de nous mener à Naples, où il avait été convenu que l’on passerait tout le carnaval. Nous partîmes donc avec les voiturins, parce que, d’une part, la route de Rome à Naples n’était presque point praticable alors,et que, de l’autre, Elie, mon valet de chambre, étant tombé, à Radicofani, sous son bidet de poste, et s’étant cassé un bras, nous l’avions recueilli dans notre voiture, où il avait eu horriblement à souffrir des cahots, en venant ainsi jusqu’à Rome. Il montra, dans cette occasion, avec beaucoup de courage et de présence d’esprit, une véritable force d’ame ; car il se releva lui-même, et, prenant son cheval par la bride, il se traîna seul et à pied jusqu’à Radicofani qui était encore à plus d’un mille. Là, ayant fait chercher un chirurgien, en l’attendant, il fit ouvrir la manche de