Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/207

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tout l’été pour rétablir ma santé délabrée, et voilà tout le fruit que je recueillis des années de mon second voyage !







CHAPITRE XIII.

Peu de temps après mon retour dans ma patrie, je retombe une troisième fois dans les filets de l’amour. — Premiers essais de poésie.


Mais quoique à mes yeux comme à ceux des autres, je n’eusse tiré aucun fruit heureux de mes cinq années de voyages, mes idées n’avaient pas laissé que de s’étendre, et mon jugement s’était singulièrement redressé. Aussi, dès que mon beau-frère voulut me reparler de ces emplois diplomatiques que j’aurais dû solliciter, je lui répondis : que j’avais eu l’occasion de voir d’un peu plus près les rois et ceux qui les représentent, et que je n’en connaissais pas un qui valût un iota ; que je ne voudrais pas représenter le grand Mogol, à plus forte raison, le plus imperceptible de tous les rois de l’Europe, qui était le nôtre ; que si on avait le malheur d’être né dans un pays semblable, il n’y avait qu’une manière de s’en tirer, c’était d’y vivre de son bien, quand on en avait, et de se créer soi-même quelque louable occupation sous les auspices toujours favorables de la bienheureuse déesse indépendance. Mes paroles allongèrent singulièrement la