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ARCÉSILAS.

écrit sa vie, et que Numénius parle assez longuement de lui : il est vrai que l’un et l’autre content des anecdotes sans intérêt, ou même ridicules[1]. Il succéda à Arcésilas, dans la quatrième année de la cent trente-quatrième olympiade (241 av. J.-C.) et remplit sa fonction pendant vingt-six ans[2] ; même il y a lieu de penser qu’il enseigna du vivant d’Arcésilas, ou du moins occupa près de lui dans l’Académie une place importante[3]. Les renseignements que nous avons sur lui sont contradictoires. Diogène l’appelle ἀνὴρ σεμνότατος ; d’autre part, il dit qu’il mourut d’un excès de vin, et divers témoignages nous parlent aussi de son culte immodéré pour Bacchus[4]. On nous dit encore qu’il fut un travailleur acharné, aimable et d’un commerce facile. Quoique pauvre, il ne répondit pas aux avances que lui fit Attale, et il se dispensa de lui faire visite en disant : « Les statues doivent être regardées de loin. » C’est lui qui par ses écrits fit connaître les doctrines d’Arcésilas ; on cite de lui[5] deux ouvrages : φιλόσοφα et περὶ φύσεως. Il ne paraît pas qu’il ait modifié en rien la doctrine de son maître.

Lacydes, suivant Diogène, laissa la direction de l’école aux Phocéens Télèclès et Évandre. Cicéron[6] ne nomme qu’Évandre, et après lui Hégésinus (appelé par Clément d’Alexandrie[7] Hégésilaus), qui fut le maître de Carnéade. Nous ne savons de ces philosophes que leur nom.

La liste est assez longue de ceux qui nous sont donnés comme ayant professé les doctrines de la nouvelle Académie : ici encore il faut nous contenter d’une simple énumération[8]. Parmi les

  1. Euseb., Prœp. evang., XIV, vii.
  2. Diog., IV, 61.
  3. D’après le témoignage de Sotion (Diog., VII, 183), Chrysippe, à l’époque où il inclinait vers les idées de la nouvelle Académie, et où il écrivait un traité sur la coutume, s’associa aux travaux (συνεφιλοσόφησε) d’Arcésilas et de Lacydes. Or, Chrysippe, à la mort d’Arcésilas, avait déjà succédé à Cléanthe, mort vers 251.
  4. Élien, Var. Hist., II, 41 ; Athen., X, 638, a ; XIII, 606, b.
  5. Suidas, Λαϰύδης.
  6. Ac., II, vi, 16.
  7. Strom., I, 301, c.
  8. V. Zeller, t. IV, p. 497.