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ANTIOCHUS D’ASCALON.

Nous connaissons les titres de plusieurs ouvrages d’Antiochus : le Sosus[1] d’abord, qu’il écrivit pour répondre à Philon, dans l’accès de colère que lui avaient donné les assertions de son maître sur l’identité de la nouvelle Académie et de l’ancienne[2] : il protestait avec énergie contre cette confusion, et revendiquait pour lui-même, pour les dogmatistes, pour les stoïciens, le titre d’Académicien. Sextus[3] cite aussi un passage d’un livre d’Antiochus intitulé Κανονικά : sans doute il y traitait les questions de logique ; nous voyons qu’il y mentionnait l’opinion du célèbre médecin Asclépiade, d’après laquelle les choses sont connues par les sens, et nullement par la raison. C’est peut-être le livre que Cicéron avait sous les yeux en écrivant le Lucullus : cependant, comme il ne nomme que le Sosus, il est naturel de croire qu’il s’est plutôt servi de ce dernier ouvrage[4].

Dans un autre livre, adressé à Balbus[5], Antiochus soutenait qu’entre les péripatéticiens et les stoïciens, il n’y a qu’une différence de mots. Enfin Plutarque[6] nous parle d’un livre Περὶ θέων qu’il avait écrit dans les derniers jours de sa vie, puisque c’est là qu’il parlait de la bataille de Tigranocerte. Indépendamment de ces ouvrages qui appartiennent à la seconde partie de sa vie, Antiochus en avait écrit dans sa jeunesse d’autres, où il défendait les idées de Philon[7]. Mais nous n’avons pas de renseignements sur ces premiers essais, et sans doute ils furent de bonne heure oubliés.

Pourquoi Antiochus s’est-il séparé avec tant d’éclat de ses anciens amis ? Ses adversaires ne manquèrent pas de mettre cette défection sur le compte de son ambition : on disait qu’il était resté fidèle à son maître jusqu’au jour où il eut à son tour des

  1. Sosus est le nom d’un philosophe, compatriote d’Antiochus, et qui appartenait à l’école stoïcienne (Stéph. de Byzance, l. c.).
  2. Cic., Ac., II, iv, 11.
  3. Sext., M., VII, 201.
  4. Cf. Thiaucourt, op. cit., p. 58.
  5. Cic. De Nat. Deor., I, vii, 16.
  6. Luc., 28.
  7. Cic., Ac., II, xxii, 69.