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ANTIOCHUS D’ASCALON.

Mécène[1], qui adressa une Consolation à Livie[2], et contribua par son amitié avec Octave à sauver Alexandrie, sa patrie[3].

Zeller a remarqué avec raison que son exposition de la morale péripatéticienne a une couleur stoïcienne : Arius va même jusqu’à employer des expressions purement stoïciennes pour traduire les idées morales de Platon et d’Aristote[4]. Toutefois, cette raison ne serait peut-être pas décisive pour le ranger parmi les stoïciens ; car les anciens ne se piquaient pas toujours d’une scrupuleuse exactitude historique, et Arius a pu, tout en voulant ne faire qu’une œuvre d’historien, se servir d’expressions familières et plus connues de son temps pour exprimer des idées plus anciennes. De plus, s’il est très souvent d’accord avec Antiochus[5], on peut aussi citer nombre de points où il est en contradiction avec lui[6].

La question serait difficile à résoudre, si la découverte de l’Index Laurentianus[7] n’était venue couper court à tout débat. Nous voyons en effet que Diogène range expressément Arius parmi les stoïciens, et le place entre Antipater de Tyr et Cornutus[8].

La nouvelle Académie a donc bien fini avec Philon, tout au plus avec Eudore. Antiochus triomphe décidément. Il eut d’ailleurs un grand nombre de disciples, à Rome, Varron et

  1. Élien, Var. Hist., xii, 25.
  2. Un fragment en a été conservé par Sénèque, Cons. ad Marc., 4.
  3. Plut., Præc. ger. reip., xviii, 3. Reg. Apoph., Aug., iii, 5. Anton., 80. Suét., Octav., 89.
  4. Thiaucourt, op. cit., p. 59.
  5. Zeller, p. 616, 1.
  6. Hirzel, op. cit., II, p. 713, 695 ; III, p. 244. Hirzel, qui veut à toute force faire d’Eudore et d’Arius des continuateurs de Philon, remarque avec raison qu’Arius témoigne envers Philon d’une grande admiration (Stob., II, 40) et qu’il semble connaître et citer Platon bien mieux qu’Antiochus, qui ne le connaissait que de seconde main (p. 242). Mais tous ces arguments tombent, semble-t-il, devant le texte formel de l’Index Laurentianus, dont Hirzel ne parle pas. Cf. Diels Dox. Gr., p. 81.
  7. Val. Rose, Hermès, I, 370.
  8. C’est d’ailleurs ce que confirme Sénèque, Quæst. nat., VII, xxxii, 2 : « Academici et veteres, et minores, nullum antistitem reliquerunt. »