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L’ÉCOLE SCEPTIQUE.

ricus, qui vécut à la fin du second siècle ap. J.-C., est séparé de lui par un intervalle de près de deux cents ans. Il est impossible d’admettre que chacun des philosophes intermédiaires ait enseigné pendant près de quarante ans, surtout si l’on songe que deux d’entre eux, Ménodote et Théodas, ont connu le même maître.

Il semble donc également inadmissible que Zeuxis le sceptique se confonde soit avec Zeuxis de Tarente, soit avec Zeuxis de Laodicée. C’est sans doute un troisième personnage, et cette fois encore, comme à propos d’Héraclide, nous remarquerons que s’il y a eu des médecins du nom de Zeuxis, ce n’est une raison ni pour qu’ils aient été sceptiques, ni pour que Zeuxis le sceptique ait été médecin. Il y a eu aussi bien des Zeuxis en Grèce : Pauly en compte jusqu’à six. Renonçons donc à des rapprochements que rien ne justifie suffisamment, et rendons grâces à Dieu qu’il ne se soit pas trouvé dans le cours des âges d’autres médecins portant le même nom qu’un philosophe sceptique. Nous aurions dû faire à leur sujet le même pénible travail que nous ont coûté Héraclide et Zeuxis.

Antiochus, de Laodicée sur le Lycus[1], succéda à Zeuxis. Tout ce que nous savons de lui, c’est que, comme Zeuxis et Ænésidème[2] il ne croyait qu’aux phénomènes.

Avec les successeurs d’Antiochus[3], Ménodote et Théodas,

  1. Strab., Geogr., XII, fin, 16, p. 358.
  2. Diog., IX, 106.
  3. Outre les philosophes compris dans la liste de Diogène, et qui sont seulement les chefs de l’école, il est encore fait mention d*un certain nombre de sceptiques. Numénius est nommé par Diogène (IV, 109) avec Timon, Ænésidème et Nausiphanes. Mais il y a peut-être ici une confusion. (Voir ci-dessus, p. 89.) Mnaséas et Philomélus sont cités par Aristoclès (Ap. Eus., Præp. Ev., XIV, vi, 5). Diogène (VII, 32, 33, 34) parle aussi d’un Cassius, pyrrhonien, qui avait adressé à Zénon de nombreuses critiques. C’est probablement le même dont parle Galien (De subfig. empirica, p. 40. Bonnet, Bonn, 1872), qui proscrivait l’emploi du raisonnement appelé passage du semblable au semblable, et avait écrit un livre entier sur ce sujet. Le fait que Cassius avait traité une telle question, et l’opposition que Galien établit entre lui et Théodas, donnent à penser qu’il vécut à peu près dans le même temps, et qu’il fut contemporain de Ménodote.

    Agrippa est aussi, on le verra, un sceptique hors cadre. Il en est de même