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LIVRE IV. — CHAPITRE I.

Il est certain que Sextus était un Grec[1], mais nous ne pouvons savoir ni où il était né, ni où il a enseigné. Divers passages de ses écrits nous indiquent qu’il n’était ni d’Athènes[2] ni d’Alexandrie ; il connaissait pourtant Athènes[3], peut-être Alexandrie[4] et on peut conjecturer qu’il a passé au moins quelque temps à Rome[5]. Tout ce que nous savons de certain, c’est qu’il fut chef de l’école sceptique[6] et qu’il enseigna au même endroit où son maître avait enseigné[7].

Le surnom d’Empiricus, sous lequel il est désigné déjà par Diogène, semble indiquer qu’il était médecin de la secte empirique. Lui-même nous dit qu’il était médecin[8] et un autre témoignage fort précis[9] le range aussi parmi les empiriques. Enfin nous savons par lui-même[10] qu’il avait écrit un ou peut-être deux ouvrages de médecine.

D’autre part, cependant, un passage des Hypotyposes[11] indique qu’il inclinait plutôt vers l’école méthodique. Il reproche à l’empirisme d’affirmer dogmatiquement que les choses invisibles sont

    connaître les noms. Au surplus, quand il serait acquis par là que Sextus est postérieur à Marc-Aurèle, ce fait ne jetterait pas une grande lumière sur l’époque précise de sa vie.

  1. M., I, 246 ; P., III, 211, 214. Comme l’a montré Fabricius (P. int., p. XIX, édit. de 1841), c’est par une erreur que Suidas (art. Σέξτος l’appelle Lybien. Le même Suidas le confond aussi avec Sextus de Chéronée, neveu de Plutarque (Fabric., ibid.).
  2. M., I, 246.
  3. M., VIII, 145.
  4. M., I, 213 ; M., X, 15. On ne peut rien conclure de ces textes, car Sextus prend le nom d’Alexandrie pour exemple, à cause de sa célébrité, comme ailleurs (ibid., 89) il prend pour exemple un homme habitant Rhodes.
  5. Il connaît les lois romaines (P., 149, 152, 156), ce qui, à vrai dire, ne prouve pas grand’chose. Comme son maître Hérodote avait été un célèbre médecin à Rome (Pseud.-Gal., De puls., IV, xi, vol. VIII, p. 751), peut-être Sextus avait-il aussi résidé dans cette ville.
  6. Diog., loc. cit.
  7. P., III, 120.
  8. M., I, 260.
  9. Pseud.-Galen., Isag., 4, vol. XIV, p. 683.
  10. M., VII, 202 ; M., I, 61.
  11. I, 236 : Ἡ ἐμπειρα ἐκείνη περὶ τῆς ἀκαταληψίας τῶν ἀδήλων διαβεβαιοῦται. Cf. M., VIII, 327.