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LIVRE IV. — CHAPITRE III.

persistent, diminuent et disparaissent en même temps[1]. Les uns sont constants (συνεδρεύοντα), les autres accidentels (συμβαίνοντα). Il y a aussi des conditions internes ou externes qui doivent entrer en ligne de compte : l’âge, le tempérament, le climat, le sol, la saison[2]. Cette étude attentive de la maladie, fondée sur la simple observation, et en écartant toute considération des causes cachées, s’appelle non la détermination[3] (terme dogmatique), mais la distinction de la maladie. Elle conduit non à la définition (terme dogmatique), mais à la description (ὑπογραφή, ὑποτύπωσις).

Cependant la vie est courte. Il est impossible au médecin d’étudier lui-même tous les cas intéressants. Il profitera donc des observations de ses devanciers : c’est l’histoire (ἱστορία).

Tous les empiriques ont fait à l’histoire sa part. Ménodote a donné à leur doctrine, sur ce point, plus de précision et de rigueur. Selon lui[4], il faut soumettre les témoignages à l’examen, tenir compte de leur accord entre eux, de la situation et de la valeur morale des témoins, enfin et surtout, de la concordance des faits attestés avec ceux qu’on peut directement observer.

Enfin, il y a des maladies que nous n’avons jamais observées et que l’histoire ne nous fait pas connaître. Il y a des remèdes dont on n’a pu vérifier directement l’efficacité ou qu’on ne peut se procurer ; là intervient le passage du semblable au semblable (ἡ τοῦ ὁμοίου μετάβασις). Ce passage se fait de plusieurs manières[5] : d’après la ressemblance des parties du corps : le remède qui a réussi au bras pourra réussir à la jambe ; d’après la ressemblance des maladies dans les mêmes parties du corps : on

  1. Subfig., 45.
  2. De sect., 74, 89.
  3. Subfig., 48. C’est bien probablement encore Ménodote qui a prescrit la substitution de termes rigoureusement empiriques aux expressions dogmatiques antérieurement usitées. On en verra plus loin un autre exemple à propos de l’épilogisme.
  4. Ibid., 51.
  5. Ibid., 54. Cf. De sect., 68.