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LE PYRRHONISME ET LA NOUVELLE ACADÉMIE.

CHAPITRE IV.

LE PYRRHONISME ET LA NOUVELLE ACADÉMIE.


Qu’il y ait entre le scepticisme et la nouvelle Académie des analogies suffisantes pour que l’historien soit autorisé à réunir sous un même titre l’étude de ces deux écoles, c’est ce qui ne saurait être contesté. Mais jusqu’où vont ces analogies ? Y a-t-il aussi des différences notables, ou bien, à aller au fond des choses, est-ce la même doctrine que, sous des noms différents, les deux écoles ont défendue ? C’est une question que les Grecs, au témoignage d’Aulu-Gelle[1], avaient souvent agitée, et qui les divisait. Les historiens modernes sont aussi partagés. Comme les sceptiques de l’école d’Ænésidème ont fait de grands efforts pour se distinguer de ceux qu’ils regardaient comme des rivaux, nous devrons, avant d’essayer à notre tour de résoudre la question, indiquer les raisons qu’ils ont invoquées.


I. On a vu plus haut[2] que, d’après le résumé de Photius, Ænésidème, au début de son livre, énumérait avec complaisance les différences qui séparent les deux écoles. Les nouveaux académiciens sont dogmatistes ; ils affirment certaines choses comme indubitables, ils en nient d’autres sans réserve. Le sceptique n’affirme et ne nie rien : il ne dit pas que rien ne soit compréhensible ; il en doute. Pour lui, rien n’est vrai, ni faux, vraisemblable, ni invraisemblable.

En outre, les nouveaux académiciens se contredisent sans s’en apercevoir. Ils distinguent le vraisemblable et l’invraisemblable, le bien et le mal. Mais de deux choses l’une : ou on

  1. N. A., XI, 5.
  2. P. 248.