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mier abord paraître incroyable, rien n’est cependant plus vrai, et tous les jours les journaux nous apprennent que tel individu qui, jusques à l’heure de sa mort, avait passé pour un misérable, vient de laisser à ses ascendans ou descendans un héritage plus ou moins considérable. La mendicité est un métier comme un autre, et ceux qui l’exercent habilement font fortune en peu de temps. Mais quelle que soit l’habileté des mendians parisiens, elle n’approche pas de celle de leurs confrères de la Flandre et de la Hollande. Il y a, dans ces contrées, des maîtres mendians qui exploitent à leur profit l’industrie de mendians subalternes. J’ai connu à Gand un individu nommé Baptiste Spilmann ; cet individu, qui jouissait d’une très-belle fortune, avait sous ses ordres au moins cinquante mendians de tout âge et des deux sexes. Ces malheureux étaient dressés à tout, ils étaient alternativement aveugles, boiteux ou culs-de-jatte. Baptiste Spilmann faisait déshabiller les individus qui obéissaient à ses ordres, et les envoyait le long des côtes solliciter, de la charité des habitans des villages voisins, des chemises, des pantalons et d’autres pièces d’habillement. Les mendians de