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quiéter de l’avenir, et jamais il ne lui vient dans la pensée qu’il peut être arrêté ; le bagne et la prison ne sont pour lui que des points à l’horizon, sur lesquels il ne jette jamais un regard.

Détenus, les voleurs de profession sont plus souples, plus actifs, plus industrieux que les autres ; ils savent mieux se soumettre aux exigences des individus auxquels ils sont soumis ; aussi ce sont eux qui obtiennent tous les privilèges et quelquefois même toutes les grâces.

Tels qu’ils sont cependant, les voleurs exercent sur ceux qui durant un certain temps sont obligés de vivre avec eux, une influence telle, qu’il est assez difficile d’expliquer, mais qui cependant existe ; et cette influence a peut-être donné naissance à plus de criminels que les mauvaises dispositions de ceux qui se sont laissés séduire. Un individu nommé Rigody, dont j’ai parlé plus haut, qui appartenait à une famille honorable, auquel on avait donné une bonne éducation, et qui ne manquait pas d’esprit, devint, peu de temps après son entrée dans le monde, un assez mauvais sujet ; ses parens qui voulaient le corriger l’envoyèrent à l’île de Ré. Rigody fut en conséquence incorporé dans une compagnie destinée à augmenter