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A de pareils argumens il n’y a qu’une réponse à faire ; la société, être moral, ne peut avoir de passions, elle ne peut donc pas demander vengeance. Que ceux qui sont chargés du maintien de l’ordre public répriment les crimes et les délits, qu’ils punissent les infractions à la loi commune, soit, il n’y a dans cet acte que l’exercice d’un droit légal ; mais il est toujours possible de se montrer sévère sans cesser d’être juste, et c’est cesser de l’être que de souffrir qu’il soit ajouté des peines supplémentaires à la peine prononcée par les juges. Au reste, les conséquences de l’ordre de choses actuel sont plus graves qu’on ne pense.

Le caractère du prisonnier qui est maltraité sans sujet, par un individu dont il peut apprécier la valeur morale, ne tarde pas à s’aigrir ; et souvent celui qui n’était qu’un coupable ordinaire, et que peut-être on aurait pu ramené au bien si l’on avait bien voulu prendre la peine de parler à son cœur, devient un assassin, parce qu’il a été frappé par un geolier ivre, ou un argousin de mauvaise humeur.

Plusieurs forçats ont été condamnés pour s’être vengés de semblables injustices.

Le détenu qui, après avoir travaillé toute une